extraits
J´ouvre la fenêtre. La nuit mange les arbres et le ciel. La maison s´éteint doucement comme un regard derrière les paupières. Une lumière bleutée s´est assise en posant ses grands mains sur la table. Je parle à cette présence qui ne se prononce pas et je pense à tous ces mois passés sans écrire, comme une écharde en plein coeur. Le même sentiment que la peur. Elle me répond avec des ombres au parfum de femme, poivré sous les aisselles, floral au creux des lèvres.
Les hauts et les bas de la lumière en ces jour d´automne. À savourer dans la douce convalescence. Le corps invisible de l´air enflamme la fenêtre de nuages et de reflets gorgés du désir de la pluie.
La vie attend de s´engouffrer du ciel vers les fenêtres, du vide vers le corps. Dieu parfois tient dans cet élan qui réchauffe les visages. Quand il s´absente, le masque du manque est terrible. Comme si le cadavre mourrait deux fois.
Je pense à ma grand-mère, à mon voisin, à tous ces gens qui offrent à la fenêtre leur visage blanc de linceul. À mon visage d´enfant aussi contre le petit lac gelé de la vitre. Tous s´absentent jusqu´à ce que leur attente les vide de leur silence, de leur fatigue. De leur mémoire. Ils attendent celui ou celle qui ne viendra pas, qui est déjà venu, jusqu´au vertige, non, jusqu´à ce que le vertige tombe en poussière à leurs pieds. Tourbillon de feuilles mortes séchées par la mort. Ils ont gravé leurs traits sur la vitre des rues.
Carnet d´un buveur de ciel, 2007
Cuaderno de un bebedor de cielo
(fragmento)
Abro la ventana. La noche se come los árboles y el cielo. La casa se apaga suavemente como una mirada tras los párpados. Una luz azulada se ha sentado posando sus grandes manos sobre la mesa. Hablo a esta presencia que no se pronuncia y pienso en todos estos meses pasados sin escribir, como una astilla en pleno corazón. El mismo sentimiento que el miedo. Él me responde con sombras perfumadas de mujer, picante bajo las axilas, floral en el hueco de los labios.
Los altos y bajos de la luz en esos días de otoño. Saborearlos en la dulce convalecencia. El cuerpo invisible del aire inflama la ventana de nubes y de reflejos impregnados del deseo de lluvia.
La vida espera precipitarse del cielo hacia las ventanas, del vacío hacia el cuerpo. Dios a veces resiste a este impulso que reanima los rostros. Cuando se ausenta, la máscara de la falta es terrible. Como si el cadáver muriera dos veces.
Pienso en mi abuela, en mi vecino, en toda la gente que ofrece en la ventana el rostro blanco de mortaja. En mi rostro de niño también contra el pequeño lago helado del cristal. Se ausentan todos hasta que su espera los vacía de su silencio, de su fatiga. De su memoria. Esperan a este o esta que no vendrá, que ya ha venido, hasta el vértigo, no, hasta que el vértigo caiga en polvareda a sus pies. Torbellinos de hojas secas resecas por la muerte. Han gravado sus rasgos sobre la vidriera de las calles.
Cuaderno de un bebedor de cielo, 2007
Traducción: Stella Maris
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